Juillet 1917

Le dimanche 1er juillet 1917.

Permissionnaires 4ème division de 12 h 30 à 21 h. Je descends à terre et fais l'ascension du ""Pin de Sucre"" de Rio de 16 h à 19 h. Je suis présent en haut au grand jour, au coucher du soleil et à l'illumination. Cet superbe. Le ""Pin de Sucre"" est à 400 MTS d'altitude. On fait l'ascension par le chemin de fer aérien. La première voiture va sur la montagne intermédiaire à 220 MTS et la seconde au ""Pin de Sucre"". L'accueil des Brésiliens est très chaleureux, je n'aurai jamais cru être aussi bien reçu dans ce pays. Je suis heureux de ma journée et émerveillé de beaucoup de choses belles et nouvelles pour moi.

Nous restons au mouillage à Rio de Janeiro du 30 juin au 16 juillet. Je suis descendu cinq fois à terre comme permissionnaire et deux fois pour assister aux fêtes offertes par la colonie françaisede Rio de Janeiro à l'équipage. Je garderai longtemps le précieux souvenir de mon séjour à Rio de Janeiro. Chaque jour il y avait une fête en notre faveur et où y assistait au moins un quart de l'équipage. Parmi ces fêtes il y avait aussi des promenades, j'ai fait une en compagnie de quelques intéressées de la colonie, elle était très belle et pittoresque. Pendant deux heures nous étions en montagne, sur le bord des précipices, aux pieds de cascades, le long des ravins. Nous avons ensuite fait environ une heure de marche pour atteindre le sommet qui est plus haut que le "Pin de Sucre". Cette promenade à ‚t‚ pour moi agréable et intéressante.

 

Le lundi 16 juillet 1917.

Nous embarquons un complément de charbon et appareillons à 16 h. J'ai le quart de 21h à minuit condensation bâbord.

 

Le mardi 17 juillet 1917.

J'ai le quart de 7 à 11 h. Nous arrivons au mouillage dans le port de Santos à 8 h. Nous saluons la terre. Bas les feux. L'après-midi je prépare mon sac pour partir en mission à Rio Grande Do Sul.

 

Le mercredi 18 juillet 1917.

Branle-bas à 5 h 30. Je quitte le croiseur "Marseillaise" vers 8 h 30. Je suis avec le détachement, 87 hommes. Nous prenons le train à la gare de Santos. Nous sommes assistés par la musique municipale, qui nous joue ses plus beaux morceaux ainsi que les hymnes français et brésiliens. Le ministre de France au Brésil est avec nous ainsi que le Commandant, le docteur major, un officier mécanicien et deux enseignes de vaisseau. Le train démarre à 10 h 30 au milieu d'une tempête de hourra! .. et des cris de vive la France du côté de la population civile et vive le Brésil du nôtre. Nous passons par Cuba Tao, Passaguera, de Passaguera à Alta Da Sera nous prenons une locomotive qui se place à l'arrière du train et montons une rampe dans la montagne. Cette rampe est longue de 10 km, nous passons sous 13 petits tunnels et 4 grands ponts métalliques. Pendant tout ce parcours c'est une sorte de funiculaire car sur la voie il y a des câbles actionnés par des machines qui sont sous le sol environ tous les kilomètres et qui aident la locomotive. C'est très intéressant et superbe. A Alta Da Sera nous sommes au bout de l'ascension et à 630 mètres d'altitude. Là on sent déjà la fraîcheur. Le temps est très clair, un peu plus loin nous sommes dans les nuages. Nous passons par Campo Grande, Rio Grande, Riberao Pires, Pilar, Sao Bernardo, Sao Eestacao, Cruz et enfin Sao Paulo à 12 h 45. Nous déjeunons et dînons à Sao Paulo, nous avons notre après-midi pour nous promener en ville. Nous sommes très bien accueillis dans cette grande ville. Je fais connaissance d'un français qui me pilote ainsi que deux de mes camarades et visitons ainsi la ville. C'est neuf très joli et d'une grande étendue. Nous nous rembarquons dans un train d'une autre compagnie et quittons Sao Paulo à 22 h 10. Presque toute la colonie françaiseest sur les quais pour notre départ et nous souhaite bon voyage en nous distribuant des fleurs et des cigarettes.

 

 Spaulo 3

Spaulo 2

Spaulo 1

 

Le jeudi 19 juillet 1917.

Petit déjeuner à Bury à 10 h. Déjeuner à Yramana à 15 h 30.

 

Le vendredi 20 juillet 1917.

Nous buvons le café dans le train vers 7 h 30. A midi nous déjeunons à Maréchal Mallet, nous mangeons en vitesse et à 12 h 30 le train repart. A 16 h on prend des vivres pour un jour à Umao Da Victoria. Le communiqué du front nous est lu dans le train, dans chaque compartiment. A 19 h nous dînons à Nova Balicia. Puis la séance de sommeil recommence. J'oubliais d'écrire que nous dormions dans le train et que celui-ci roulait jour et nuit. Dans ce train nous sommes cahotés car la voie est très étroite et les voitures ne sont pas modernes. Il n'y a rien de confortable dans cette compagnie. La contrée par ici est la forêt, il y a 400 km de forêt à passer depuis Nova Balicia.

 

Le samedi 21 juillet 1917.

Petit déjeuner à Marcellino, nous déjeunons dans le train. A 17 h 30 nous dînons à Passo Fundo, pour la première fois nous avons du vin en mangeant depuis notre départ du bord. Aussitôt dîner le train démarre et nous partons. Vers 18 h 30 le train déraille en brousse. Une seule voiture n'est plus sur la voie, c'est justement celle où je me trouve. Nous sommes ballottés et traînés pendant près de 500 MTS, c'est dans un détour et une descente assez rapide. Nous essayons de remettre le wagon sur la voie mais impossible, l'arrière train étant cassé, rien à faire. Nous chavirons le wagon après l'avoir désemparé des autres voitures, puis le train reprend sa route. Les voyageurs de la voiture sinistrée cherchent hospitalité partout ailleurs dans le train. Pour ma part je trouve un coin dans le fourgon aux bagages car dans le milieu de la nuit je suis réveillé par le froid, gelé, ankylosé et avec une sale posture.

 

Le dimanche 22 juillet 1917.

A 6 h 30 nous buvons le café à Cruz Alta, nous sommes à peine réveillés. Une voiture est mise au train pour remplacer celle que nous avons laissée en route. A 12 h nous dînons à Santa Maria où nous sommes accueillis avec la musique. Pendant le dîner nous avons plusieurs discours en français et en brésilien. Toute la colonie Franco Belge de Santa Maria est sur pied pour nous souhaiter la bienvenue et c'est elle qui nous offre ce dîner. Des dames, des messieurs, des fillettes, des prêtres Français et Belges nous distribuent des cigares, cigarettes, petits pavillons etc. Nous faisons ce repas dans une salle de la gare, un grand buffet est dressé, un camarade se voyant dans une salle en fête se met à danser et à faire des siennes, il dégringole de tout son poids, s'abat sur le plancher avec un fracas formidable. De là en résulte beaucoup de cris des gens qui l'environnaient. Fort heureusement personne n'a été blessé. Après le dîner, un monsieur de la colonie demande l'autorisation au Commandant pour nous faire promener en ville, celui-ci n'ose pas refuser et permission est accordée. Nous sortons en ville en rang, la musique joue des marches, nous suivons le mouvement. Nous faisons le tour de la ville puis à 14 h nous rembarquons dans le train qui démarre peu après. C'est encore au milieu de cris d'enthousiasme que nous quittons Santa Maria, c'est une ville neuve qui n'est pas encore bien belle mais appelée à le devenir car il y a beaucoup de constructions. A 18 h nous dînons à Cacequy.

 

Le lundi 23 juillet 1917.

Nous buvons le café à 5 h dans une gare dont je ne pas avoir la vue assez puissante pour voir le nom, il faisait trop froid et trop noir à 5 h. A 8 h 30 nous déjeunons dans une gare. Chacun se prépare pour l'arrivée au terme du voyage qui doit être dans la journée. A 14 h nous arrivons en gare de Rio Grande, le train nous emmène à la gare maritime où nous arrivons à 14 h 15. Nous sommes très bien accueillis, la musique nous joue les hymnes nationaux français et brésiliens. Ensuite nous partons pour le port où on nous désigne l'embarquement. J'embarque sur le remorqueur "Ernest". A 18 h nous allons souper en ville puis revenons coucher à bord.

Le mardi 24 juillet 1917.

Installation et aménagement du bord. Nous mangeons à l'hôtel midi et soir et dormons à bord. Nous sommes venus à Rio Grande Do Sul pour chercher des porteurs et remorqueurs de la compagnie françaisede Rio Grande Do Sul pour les emmener en France. Je profite d'une bonne nuit de repos pour me remettre de mes fatigues de chemin de fer, car après un voyage de 6 jours et 5 nuits sur un parcours de 3,300 km je suis un peu courbaturé. Nous avons rencontré du bois de la plaine et du sable. A 50 km de Rio Grande il n'y a que du sable. Au-dessus c'est la plaine des pâturages immenses.

 

Le mercredi 25 juillet 1917.

Visite du matériel. La cuisine est faite à bord. Un tiers de l'équipage est permissionnaires. Sur mon yacht, nous sommes douze plus un enseigne de vaisseau, chef de l'escadrille. Permissionnaires de 18 à 21 h. Il y a cinéma pour tous les équipages.

 

Le jeudi 26 juillet 1917.

Visite du matériel et aménagement.

 

Le vendredi 27 juillet 1917.

Visite de la machine, démontages épreuves. Le soir cinéma pour tout le monde. Il fait un temps épouvantable, il pleut et vente.

 

Le samedi 28 juillet 1917.

Visite de la machine et préparation d'allumage pour le lendemain.

 

Le dimanche 29 juillet 1917.

A midi allumage des feux. Essais de la chaudière et de la machine jusqu'à 17 h. A 18 h je me change ainsi que les matelots qui étaient avec moi pour les essais puis nous rejoignons les équipages des six autres bâtiment de l'escadrille, à terre o- nous sommes attendus pour dîner. Nous sommes à l'hôtel Paris en compagnie de la réserve navale du Brésil et de jeunes gens de la société nationale de tir. Après le copieux repas nous allons au cinéma.

 

Le lundi 30 juillet 1917.

Travaux divers à bord.

 

Le mardi 31 juillet 1917.

Le soir je suis invité pour aller dîner avec deux camarades chez des particuliers de Rio Grande. Après le repas nous allons chez des frères français qui enseignent dans un collège de la ville, nous assistons à la soirée offerte par ces frères aux marins des équipages des remorqueurs de la compagnie française.

 

 

Date de dernière mise à jour : 14/09/2020

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