Campagne de New-York - 1919

Le 16 janvier 1919, Henri Poussier, prend au Havre, le paquebot "Niagara" de la compagnie générale atlantique, il arrive à New-York le 2 février, il y reste environ 2 mois. Ensuite il part pour le centre naval français de Savannah (état de Géorgie) compagnie Rochefort.

A son début à New-York il poursuit les réparations sur la "Marseillaise" qui se trouve toujours aux chantiers ROBIN'S, et ensuite à l'entretien de la flotte de chalutiers de la compagnie dans le port de Savannah, il y reste jusqu'au 27 mai.

Mais dans cette dernière campagne, le moral est très bas, bien normal pour ce jeune marié. Dans le courrier qu'il adresse à sa femme, New-York et Savannah furent pour lui l'autre bout du monde. Comme il note bien sur certaines cartes ! Vois ce qu'ils appellent leur métro aérien, c'est loin de valoir le métro, il y a aussi le subway, nord-sud, c'est la même chose, ça n'a rien du métro parisien, j'ai voulu voir et faire la comparaison quelle différence.

Me voici à présent dans l'état de Géorgie, au Fort Screven, je me suis décidé d'acheter quelques cartes pour te donner une idée de ce qu'est ce pays que je maudis. Il est presque entièrement pour le coton, dans le port de Savannah, il est compté environ, 2 millions de balles de coton. Telle est cette carte postale, c'est du coton brut. Il y a environ 3 mois, un incendie dans un de ces docks a fait pour environ 70 millions de dollars ou si tu préfères, 350 millions de francs de dégâts. Aussi dans les parages est-il absolument interdit de fumer. Je me souviens que sur une de tes lettres tu me demandais si à Savannah il y avait des doudous, je te réponds qu'oui, et même ici il y en a environ 60/100. Je regrette de ne pas avoir pu te trouver une tête de négresse, mais j'ai trouvé un nègre. N'est-ce pas qu'il est beau ! ma Thérèse chéi.

Dans la campagne ce sont ce qu'on pourrait appeler des fermes habitées par des noirs. Comme culture, il n'y a pas grand chose, on trouve que des champs de blé, d'avoine, pommes de terre, oignons et c'est à peu près tout. Le coton se trouve en grande quantité. Et le reste c'est boisé à l'état sauvage, inculte rempli de marais détestables peuplés de toutes sortes d'animaux et reptiles.

Le 29 juin 1919, il se retrouve en sursis illimité de démobilisation.

A partir du 21 juin ils habiteront à Paris, il travaille comme ouvrier ajusteur à la maison Campagne et Cie à Paris, il y reste jusqu'au 25 juin 1920.

Vers la fin de l'année 1919, il prépare le concours d'admission de professeur technique d'ajustage de l'école Dorian à Paris.

Ce jour du 17 mars 1920 ou il devait passer le concours, arriva la naissance de leur première fille, il fut dans l'impossibilité de participer. Par la suite ils durent venir habités en Bretagne, le climat de Paris ne convenait pas du tout à l'enfant. A partir de juin 1920, il retournait travailler aux établissements Grenier, jusqu'à la fin 1922. Dans l'année qui suivit, ils font l'acquisition à Rennes d'un terrain sur lequel il entreprit la construction d'un atelier à usage de mécanique et serrurerie, puis un peu plus tard une maison. Ils vécurent là pendant 50 années.