Le samedi 1er septembre 1917.
Belle journée ensoleillée. Embarquement d'eau. Je veille encore ce soir, le travail presse. Le vent tombe dans la soirée.
Le dimanche 2 septembre 1917.
A 6 h j'allume les feux, 10 h, la machine est parée à appareiller. Un ordre vient de mettre les feux à 90 minutes. Il fait assez beau toute la journée.
Le lundi 3 septembre 1917.
Les feux sont toujours à 90 minutes. Rien de nouveau.
Le mardi 4 septembre 1917.
Poussé les feux à 6 h 30. A 8 h appareillage. Il fait très mauvais en mer le vent souffle très fort. La mer est méchante et "L'Ernest" est balancé.
Le mercredi 5 septembre 1917.
La mer est moins mauvaise qu'hier, mais loin d'être calme. Nous filons à 6 nœuds.
Le jeudi 6 septembre 1917.
Même temps qu'hier. A la tombée de la nuit le croiseur cuirassé "Marseillaise" quitte notre escorte et va arraisonner deux voiliers passant au large par tribord.
Le vendredi 7 septembre 1917.
Enfin il fait un peu plus beau quoique très loin de faire un temps calme. Vers 20 h nous croisons un vapeur par bâbord. La "Marseillaise" l'arraisonne, nous nous continuons notre route.
Le samedi 8 septembre 1917.
La mer est plus calme que les autres jours, les vents sont tombés un peu et ont diminué leur force. Il pleut toute l'après-midi.
Le dimanche 9 septembre 1917.
La mer est redevenue houleuse. Il pleut à torrents toute la journée. Le temps n'est pas clair. Vers 16 h 30 nous apercevons la terre par l'avant. A 22 h nous jetons l'ancre dans la baie de St Antoine à l'île de Fernando de Noranha. Cette île est située environ à 90 milles ou 100 milles de la grande terre et appartient au Brésil. Il y a quelques maisons construites sur un modèle de caserne, une église, une citadelle et plusieurs cahutes primitives que l'on aperçoit dans la brousse. A droite de la ville s'élève un pic, c'est un seul roc, ce pic est très remarquable par sa forme en cône et sa hauteur. A gauche il y a également un rocher très remarquable par sa forme et sa hauteur. Ce rocher fait la pointe d'une île qui touche l'île Fernando de Noranha. C'est l'île aux rats. Sur celle-ci il y a un feu à un éclat. A droite sur l'île Fernando, s'élèvent quatre énormes pylônes pour la T.S.F. Distance de Bahia à Fernando de Noranha: 700 milles.
Le lundi 10 septembre 1917.
Il fait beau toute la journée. Nous appareillons pour embarquer du charbon que nous prenons à bord de la "Marseillaise" puis de l'eau sur le porteur "Pétrel". Les feux sont mis à 90 minutes. Les vents sont forts à la tombée de la nuit. L'heure a ‚t‚ avancée de 1 heure aujourd'hui. Un cargo passe en vue dans l'après-midi. Un torpilleur brésilien est venu mouillé près de nous. C'est le "Santa-Catharina".
Le mardi 11 septembre 1917.
Poussé les feux à 11 h 45. Appareillage à 13 h. Nous rencontrons un voilier par bâbord. La "Marseillaise" nous quitte et va l'arraisonné. Elle nous rejoint à la nuit. Il fait beau en mer. Il y a une légère brise, nous mettons la voile.
Le mercredi 12 septembre 1917.
Vers 9 h nous rencontrons un vapeur, la "Marseillaise" va l'arraisonner, nous continuons notre route. Avant d'apercevoir ce vapeur nous sommes ravitaillés en viande fraîche par notre croiseur. Il fait un très beau temps. Au coucher du soleil j'observe le rayon vert qui apparaît très net. La "Marseillaise" n'est de retour que dans la nuit. Vers 2 h du matin.
Le jeudi 13 septembre 1917.
Il fait un temps superbe. Nous passons sous la ligne de l'équateur vers 10 h. Rien de nouveau.
Le vendredi 14 septembre 1917.
Vraiment la mer est devenue belle pour la petite navigation. Nous sommes ravitaillés en eau, 3 tonnes, charbon 7 tonnes. Pain et vivres pour 4 jours. De 8 à 12 h nous manœuvrons pour que les 7 bateaux soient ravitaillés. A 12 h nous repartons après avoir pris le remorqueur "Morse" à la remorque. L'embarquement d'eau se fait par accostage au porteur "Pétrel" et l'embarquement de charbon avec des canots envoyés du croiseur "Marseillaise". Vers 15 h nous distinguons très nettement les "Sts Paul Rocks" rochers isolés au milieu de l'atlantique. Ces rochers sont nombreux et forment un groupe. Le plus gros est au milieu et tout blanc. Nous larguons la remorque du "Morse" dans la soirée.
Le samedi 15 septembre 1917.
Le temps est toujours beau mais on remarque l'arrivée d'une houle de fond.
Le dimanche 16 septembre 1917.
Ravitaillement dans la matinée, par la "Marseillaise". La houle commence à faire prise sur nous, nous sommes déjà ballottés.
Le lundi 17 septembre 1917.
Toute la nuit il a plu et il pleut encore toute la journée. La mer est menaçante, il y de longues lames creuses.
Le mardi 18 septembre 1917.
Rien de nouveau, la mer est aussi méchante qu'hier. Les vents ne sont pas si forts.
Le mercredi 19 septembre 1917.
Nous restons stoppés presque toute la matinée pour le ravitaillement de toute l'escadrille. Beaucoup sont ravitaillés en charbon, nous nous sommes qu'en vivres. Le temps s'est beaucoup calmé mais il reste un peu de houle de fond. L'heure est avancée d'une heure.
Le jeudi 20 septembre 1917.
La houle de fond ne diminue pas au contraire elle est de plus en plus forte. Le soleil est très chaud. Depuis Bahia nous portons le casque le jour. Pour me distraire je confectionne deux hameçons pour faire de la pêche.
Le vendredi 21 septembre 1917.
A la pointe du jour nous apercevons la fumée de plusieurs cargos. Ils s'approchent et passent devant nous, car ils font route au nord. LA "Marseillaise" va les reconnaître. Ce sont des transports italiens faisant route pour l'Angleterre. Nous stoppons deux heures dans la matinée pour le ravitaillement en vivres pour la "Marseillaise". Vers midi nous pêchons un requin en marche. Nous l'amenons à bord et le tuons. Ce requin est un petit il n'a que un mètre et demi de long. L'autre ligne un poisson de ce genre a d- casser le laiton qui relie l'hameçon à la ligne car il n'y a plus rien.
Le samedi 22 septembre 1917.
Rien de nouveau. La mer est calme. Il fait très chaud à bord, la "Marseillaise" est en tête du convoi.
Le dimanche 23 septembre 1917.
A 8 h 30, nous apercevons le port de Dakar, nous débarquons le matériel. A 9 h nous sommes au mouillage, bas les feux.
Le lundi 24 septembre 1917.
Travaux divers à l'atelier et à bord des remorqueurs. Nous sommes au mouillage dans le port de Dakar jusqu'au 4 octobre.
Escadre Franco-Aglaise au Pirée